Aussi la réponse qu’il fit à Alcestis, l’auteur tragique, peut être approuvée également. Il se plaignait à lui de ce que, en trois jours, il n’avait pas pu aligner plus de trois vers, et au prix d’un effort énorme, et l’autre se vantait d’en avoir écrit une centaine avec la plus grande facilité. « Mais la différence, dit Euripide, c’est que pour les tiens, il suffira de trois jours et, pour les miens, il faudra l’éternité pour mesurer leur durée. » Et effectivement l’un a vu les écrits nés de sa fécondité disparaître dans les premières étapes du souvenir qu’il a laissé ; l’autre, dont la plume a mis du temps à élaborer son oeuvre, traversera l’éternité entière dans le plein épanouissement de sa gloire.
Source : Aulu-Gelle - Les Nuits attiques