L’homme déploie de grands raisonnements, dont la majeure partie est vaine et fausse ; les animaux raisonnent moins loin, mais leurs pensées sont utiles et vraies ; or mieux vaut une petite certitude qu’un grand mensonge.
Les hommes bons désirent naturellement savoir. Je sais que nombreux sont ceux qui diront que c’est là oeuvre inutile. Ce seront ceux dont Démétrios a dit que le courant d’air qui est cause des mots se formant dans leur bouche ne mérite pas davantage d’attention que cet autre vent, qui sort par l’autre côté de leur corps. Des hommes qui n’ont désir que de richesses et de jouissances corporelles, et sont entièrement dépourvus du gout de la connaissance, véritable nourriture et richesse de l’âme ; car si l’âme est plus digne que le corps, alors de la même façon les richesses de l’âme seront plus dignes que celles du corps. Et souvent, quand je vois un de ceux-la prendre en main une oeuvre de connaissance, je m’attends à le voir la porter comme un singe à son nez, ou a l’entendre me demander si ça se mange.
Quelle est la chose qui se refuse d’autant plus qu’on en a davantage besoin ? C’est le conseil, que ceux qui en ont le plus besoin écoutent le moins volontiers : je parle des ignorants. Quelle est la chose dont on se rapproche d’autant plus qu’on la craint et la fuit davantage ? C’est la misère : plus tu la fuis, plus tu t’épuises et deviens misérable.
Ô temps, qui consumes toutes choses, ô toi, jalouse fuite des ans, qui détruis toutes choses, ô vous qui consumez et tuez toutes choses, les rongeant lentement des crocs de la vieillesse ! Hélène, tandis qu’elle se regarde au miroir, voyant les rides flasques que la vieillesse a dessinées sur son visage, se met à pleurer et demande : « Pourquoi a-t-il fallu qu’on m’enlève deux fois ? »
Qui ne punit pas le mal commande qu’on le fasse.
Qui saisit la couleuvre par la queue est sûr de se faire mordre.
Il est plus facile de s’opposer au début qu’à la fin.
De même que celui qui a eu une journée bien remplie s’endort heureux, de même celui qui a eu une vie bien employée meurt heureux.
Qui veut s’enrichir en un jour finit à la potence en un an.
La science est le capitaine, et la pratique, ce sont les soldats.
La nature est soumises à la raison de sa loi, qui vit infuse en elle.
Quoi que fasse la nature, personne ne peut le faire avec les mêmes moyens par un plus court chemin. Les causes étant données, la nature accouche des effets par les plus courts chemins possibles.
Celui qui dans une discussion se réclame de l’autorité ne met pas en œuvre l’intelligence, mais plutôt la mémoire.
Détourne-toi des préceptes de ceux qui spéculent sur le monde mais dont les raisons ne sont pas confirmées par l’expérience.
Source : Léonard de Vinci - Maximes