On raconte un semblable trait de plusieurs autres Pythagoriciens. Ils ne se bornaient pas même à des secours d’argent, mais ils partageaient les périls de leurs camarades dans les occasions les plus dangereuses : un certain Pythias le Pythagoricien sous Denys le tyran, ayant conspiré contre lui, était sur le point d’être exécuté lorsqu’il lui demanda la permission d’aller mettre auparavant quelque ordre aux affaires de sa famille, en lui proposant en même temps un de ses amis pour être sa caution. Le tyran demeura étonné qu’il y eût quelqu’un qui pût être ami jusqu’au point de se laisser mettre en prison pour un homme condamné à mort.
Cependant Pythias lui présenta un nommé Damon le Pythagoricien, qui sans hésiter offrit sa personne en gage de celle de Pythias. Les uns admiraient cet excès et cet héroïsme d’amitié et les autres n’y trouvaient que de l’extravagance et de la manie. Au jour marqué pour le supplice, le peuple s’assembla en foule pour voir si le condamné serait fidèle et viendrait dégager sa caution. Comme le temps s’avançait, personne ne l’attendait plus, lorsque Pythias arriva en courant et rencontra Damon que l’on conduisait déjà à la place publique. Cet exemple réciproque ayant frappé tout le monde d’admiration, le tyran prononça la grâce du condamné et les faisant venir tous deux devant lui, il les pria de le recevoir en tiers d’une amitié si parfaite.
Source : Diodore de Sicile – Bibliothèque historique, Livre X