Concernant ceux des hommes qui virent les rites sacrés pour les avoir pratiqués dans les cités, je m’étonne moins qu’ils ne comprennent pas — il ne leur est pas possible, en effet, d’entendre et en même temps d’apprendre — les formules employées ; mais ce sont tous ceux qui les ont pratiqués auprès d’hommes qui font des rites sacrés son métier, ce sont ceux-là qui méritent l’étonnement et la pitié. L’étonnement, parce qu’alors qu’ils ont l’impression, avant de pratiquer les rites, qu’ils vont acquérir le savoir à leur sujet, ils s’en vont après les avoir pratiqués mais avant de savoir et sans même poser davantage de questions, exactement comme des gens qui pensent savoir quelque chose de ce qu’ils ont vu, entendu ou appris. La pitié, parce qu’il ne leur suffit pas de dépenser de l’argent à l’avance, mais parce qu’en outre, c’est privés même de ce pour quoi ils l’ont dépensé qu’ils s’en vont. Alors qu’avant de pratiquer les rites sacrés, ils espèrent qu’ils vont savoir, une fois qu’ils les ont pratiqués en revanche, ils s’en vont privés même de leur espoir.
Source : Le papyrus de Derveni, colonne XX
Mauvais témoins pour les hommes, les yeux et les oreilles de ceux qui ont des âmes barbares.
Source : Héraclite - Fragments, DK 107
Tout ce qui, chez les Grecs, a été écrit sur l’origine des temps est certes dû à une multitude d’auteurs ; mais les deux principaux sont Orphée et Hésiode. Or, les écrits de ceux qui parlent de l’origine se répartissent en deux genres, suivant le type de compréhension qu’ils impliquent : compréhension littérale, compréhension allégorique. Sur les écrits qui ne demandent qu’une compréhension littérale s’est précipitée en masse la foule de ceux qui sont de basse naissance ; mais c’est devant les écrits qui ressortissent à l’allégorie, que tombent en admiration ces bavards de philosophes et d’érudits.
Source : Pseudo-Clément - Reconnaissances, X 30
La plupart des hommes ne réfléchissent pas aux choses telles qu’ils les rencontrent, pas plus qu’ils ne les connaissent lorsqu’on les leur a enseignées ; mais ils se l’imaginent.
Source : Clément d'Alexandrie - Stromates, II, 8
De ce discours, qui est toujours vrai, les hommes restent sans intelligence, avant de l’écouter comme du jour qu’ils l’ont écouté. Car, bien que tout arrive conformément à ce discours, c’est à des inexperts qu’ils ressemblent s’essayant à des paroles et des actes tels que moi je les expose, divisant chaque chose selon sa nature et expliquant comment elle est. Quant aux autres hommes, ce qu’ils font éveillés leur échappe, tout comme leur échappe ce qu’ils oublient en dormant.
Source : Héraclite - Fragments, DK B 1