Ego Godiva Comitissa diu istud desideravi.
Moi, la Comtesse Godiva, désire cela depuis longtemps.
Devise de lady Godiva, épouse du comte Léofric de Mercie et bienfaitrice du monastère bénédictin à Coventry – XIe siècle
Ayant fondé ce monastère sur le conseil de sa femme, la noble comtesse Godiva, Leofric, à la prière d’une femme pieuse, y installa des moines et les enrichit de tant de terres, de bois et d’ornements sacrés, qu’on n’aurait pas trouvé dans toute l’Angleterre un monastère avec une telle abondance d’or, d’argent, de pierres précieuses et de vêtements coûteux.
La comtesse Godiva, qui avait une grande dévotion pour la mère de Dieu, mourait d’envie de libérer la ville de Coventry de l’oppression d’un péage insupportable et souvent, de façon insistante, elle implorait son mari que, par égard pour Jésus Christ et pour sa mère, il libérât la ville de cette charge et de toutes les autres qui pesaient tant sur elle ; mais le comte la réprimandait méchamment en lui demandant d’un air moqueur en quoi cela lui faisait du tort à lui et lui défendait à chaque fois de lui parler encore de cette affaire.
Mais comme, avec l’opiniâtreté d’une femme, elle ne cessait jamais d’importuner son mari sur cette question, il finit par lui faire cette réponse : « Montez votre cheval et allez nue, devant toute la population, à travers le marché de la ville, vous le parcourrez d’un bout à l’autre et à votre retour vous obtiendrez ce que vous demandez. »
Sur quoi Godiva répondit : « Mais me donnerez-vous la permission, si je suis disposée à le faire ? – Je suis d’accord, » répondit-il.
Après quoi la comtesse, aimée de Dieu, dénoua ses cheveux et fit tomber ses boucles pour qu’elles recouvrissent son corps tout entier comme un voile, ensuite elle monta sur son cheval et escortée de deux chevaliers, elle alla par la place du marché, sans qu’on vît rien d’elle, si ce n’est ses superbes jambes ; et ayant accompli le voyage, elle revint avec joie vers son mari tout étonné et obtint de lui ce qu’elle avait demandé ; car le comte Leofric libéra la ville de Coventry et ses habitants de la charge dont nous avons parlé, et il confirma par une charte ce qu’il avait fait.
Source : Rogeri de Wendover - Chronica sive Flores Historiarum