Pharaon d’origine plébéienne, il accède à ce titre en -571 et remplace son malheureux prédécesseur, Apriès. Aux dires d’Hérodote, Amasis a eu le mérite de trouver comment justifier son nouveau statut et se parer des symboles du sacré, se métamorphosant d’homme en dieu, de général militaire en pharaon.
Apriès renversé ainsi que je l’ai dit, Amasis prit le pouvoir. Il était du nome de Saïs et venait de la ville qu’on appelle Siouph. Tout d’abord les Égyptiens le méprisèrent et le tinrent pour un homme de peu, en raison de son origine plébéienne et de l’obscurité de sa famille, mais il les gagna bientôt par son habileté, sans user de violence maladroite. Il avait parmi ses trésors innombrables un bassin d’or dans lequel lui-même et ses convives se lavaient les pieds à chacune de leurs réunions : il le fit briser et de cet or il fit faire l’image d’un dieu, qui fut érigée dans la ville à l’endroit le plus convenable.
Les Égyptiens vinrent des lors apporter leurs hommages à cette statue. Informé de l’attitude des citadins, Amasis réunit son peuple et lui révéla l’origine de la statue : elle provenait d’un bassin dont ils se servaient précédemment pour vomir, pour uriner, pour se laver les pieds, – et maintenant ils se prosternaient devant lui ! Il lui était arrivé, leur dit-il, la même chose qu’à ce bassin : simple citoyen auparavant, il était à présent leur roi, et il attendait d’eux respect et dévouement. Voilà par quel procédé il sut concilier les Égyptiens et leur faire admettre son joug.
Source : Hérodote - Histoire, livre II, CLXXII