Pindare célèbre dans cette ode la victoire aux jeux pythiques du fils de Xénarque, le lutteur Aristomène d’Égine, ainsi que la déesse de la tranquillité, Hésychie. Après l’invocation d’Apollon dont les jeux pythiques se tenaient tous les quatre ans en souvenir de sa victoire contre le serpent Python, l’ode se termine par des maximes sur l’instabilité de la vie humaine, s’adressant autant à Aristomène qu’à Égine, sa patrie, laquelle venait tout juste d’être prise par les Athéniens en 458 avant J. C.
Mais toi, Apollon, qui lances au loin des traits, qui gouvernes le temple ouvert à tous dans les vallons de Pytho, tu viens d’y donner le plus grand des bonheurs. Déjà dans sa patrie, au milieu de vos fêtes, tu lui avais fait gagner le prix du pentathle qu’il ambitionnait.
Ô roi, je t’en supplie, jette un regard de bonté sur l’hymne qui retrace tant de succès. À mes doux chants préside la justice. Que les dieux, Xénarque, veillent éternellement sur vos destinées. Un homme a-t-il acquis des biens en peu de temps, il passe dans la foule pour un sage dont la vie est réglée par de prudents efforts. Mais ces choses ne dépendent point des hommes. Dieu les dispense, lui qui tantôt élève l’un, tantôt abaisse l’autre, sous le niveau de sa main.
Pour toi, tu t’es illustré à Mégare, et dans la lice de Marathon ; et dans les jeux que ta patrie consacre à Junon, ô Aristomène, trois fois ta force victorieuse a tout dompté.
De toute ta hauteur tu t’es jeté menaçant sur quatre adversaires, et Pytho ne leur a point décerné, comme à toi, un retour agréable ; et, revenus près d’une mère, un doux sourire n’a point excité la joie autour d’eux ; mais, à l’écart, fuyant leurs rivaux, ils tremblent tout meurtris de leurs disgrâces.
Loin de là, celui qui s’est acquis une gloire nouvelle, vole transporté d’espérance sur les ailes de pensées généreuses, et animé d’une ambition supérieure aux richesses. En un moment s’élève le bonheur de l’homme. Il croule de même dans la poudre ébranlé par une volonté ennemie.
Nous vivons un jour. Que sommes-nous ? Que ne sommes-nous pas? Le rêve d’une ombre, voilà l’homme. Mais quand survient la gloire, présent de Jupiter, les hommes sont entourés d’une vive lumière et d’une douce existence. Égine, ô mère chérie, conserve cette cité à son peuple libre, d’accord avec Jupiter, avec le puissant Éaque, avec Pélée, le brave Télamon et Achille !
Source : Pindare - Pythique VIII, pour Aristomène d'Égine (extrait)