La Tombe du Lévrier – W. R. Spencer

Le lancier entendit le son du clairon,
Et joyeusement sourit le matin.
Et beaucoup de lévriers, et beaucoup de chiens,
Obéissait à la corne de Llewellyn.

Et il souffla encore plus fort,
Et il acclama plus fort ;
« Viens, Gelert ! pourquoi es-tu le dernier
À entendre le cor de Llewellyn ? »

« Oh, où erre le fidèle Gelert ?
Fleur de toute sa race !
Si vrai, si brave, un agneau à la maison —
Un lion à la chasse ! »

Ce n’était qu’à la pension de Llewellyn
Que le fidèle Gelert se nourrissait ;
Il veillait, il servait, il encourageait son seigneur,
Et veillait sur son lit.

En somme, c’était un chien de chasse incomparable,
Cadeau du roi Jean ;
Mais maintenant, nulle trace de Gelert,
Et tous les chasseurs se mirent en route.

Et déjà, comme sur les rochers et les vallées
De vaillantes réprimandes s’élèvent,
Tout le chaos escarpé de Snowdown hurle,
Avec de nombreux cris mélangés.

Ce jour-là, Llewellyn n’aimait guère
La chasse au cerf ou au lièvre,
Et le butin s’avéra petit et maigre,
Car Gelert n’était pas là.

Llewellyn, mécontent, rentra chez lui,
Quand, près du portail,
Il aperçut Gelert qui s’était éclipsé,
S’apprêtant à saluer son seigneur.

Mais lorsqu’il atteignit la porte de son château,
Le chef resta bouche bée ;
Le chien était barbouillé de sang,
De ses lèvres et ses crocs ruisselant !

Llewellyn regardait avec une farouche surprise,
Il n’avait pas l’habitude d’un tel regard ;
Son chien favori retint son air joyeux,
S’accroupit et se lécha les pieds.

Llewellyn se hâta d’avancer.
Et Gelert aussi.
Partout où ses yeux se posaient,
D’autres gouttes de sang fraîches choquaient son regard !

Il trouva le lit de son enfant retourné,
La couverture ensanglantée, déchirée,
Et, tout autour, les murs et le sol
Couverts d’un sang récent.

Il appela son enfant — aucune voix ne répondit ;
Il chercha — avec une terreur noire ;
Du sang ! du sang ! il en trouva de tous côtés,
Mais nulle part l’enfant ne fut trouvé !

« Chien de l’enfer ! tu as dévoré mon enfant ! »
S’écrie le père éperdu,
Et de son épée vengeresse, jusqu’à la garde
L’enfonça dans le flanc de Gelert !

Ses regards suppliants, tandis qu’il tombait à terre,
Nulle pitié ne pouvait les dire ;
Mais le cri d’agonie de Gelert,
Pesait lourdement sur son cœur.

Réveillé par le cri du lévrier mourant,
Un petit dormeur s’agita tout près de lui ;
Quels mots la joie des parents aurait pu dire,
À entendre son enfant ainsi pleurer !

Caché sous un tas d’objets écroulés,
Sa recherche précipitée l’avait d’abord manqué,
Il embrassa son petit chérubin
Tout rayonnant de son sommeil rosé !

Il n’eut ni d’égratignure, ni mal, ni effroi.
Mais sous le même divan
Gisait un grand loup, tout déchiré,
Formidable même après la mort.

Ah ! quelle fut alors la douleur de Llewellyn !
Car maintenant la vérité était claire ;
Son vaillant chien avait tué le loup,
Pour sauver l’héritier de Llewellyn.

Vain, vain était tout son malheur ;
« Le meilleur de ton espèce, adieu !
L’acte sans raison qui t’a abattu,
Ce cœur toujours le regrettera. »

Et maintenant, ils élèvent un tendre tombeau
Avec de coûteuses sculptures ;
Et des marbres, chargés de ses louanges,
Protègent les os du pauvre Gelert.

Ici, jamais les lanciers n’ont pu passer,
Ni les forestiers, sans rester impassibles ;
Ici, souvent, l’herbe parsemée de larmes
A prouvé le chagrin de Llewellyn.

Et c’est là qu’il accrochait sa corne et sa lance ;
Et souvent, à la tombée du soir,
Dans les sons perçants de son imagination, il entendait
Le cri de mort du pauvre Gelert !

Source: William Robert Spencer - A Beth Gelert