Cette femme ignoble, cette femme perfide, cette femme molle souille la pureté, rumine l’impiété, épuise l’abondance. Pour le crime la femme mauvaise est un éperon, pour le bien un frein. Cette femme est une bête sauvage, ses péchés sont comme le sable.
Je ne vais pas déchirer les femmes justes que je dois bénir mais parce que je le dois, je mords de mes vers les Locustes en esprit.
Maintenant c’est la mauvaise femme qui est le sujet de ma page, de mon discours ; la femme en soi je l’estime, mais je blâme ses machinations, et je les poursuivrai donc.
Cette femme persuade l’impiété par ses ordres, ses ruses, ses actes ; elle se réjouit de pousser au péché et de vivre entièrement femme. Aucune assurément n’est bonne, et si cependant il s’en est trouvé, même la femme bonne est mauvaise chose ; de fait il n’en presque aucune de bonne. La femme est chose coupable, chose tristement charnelle, ou chair tout entière ; empressée à perdre, née pour tromper, habile à tromper ; fosse ultime, méchante vipère, belle pourriture ; chemin glissant, chose tristement publique, proie prédatrice ; chouette effrayante, porte publique, doux poison ; sans aucune conscience du bien, changeante, impie, vase plein de corruption ; vase peu utile, qui se brise aisément, porté à la turpitude ; vase insatiable, semant la division, querelleur ; marchandise vendue facilement, mais vite perdue, esclave du métal doré ; brûlot domestique, elle seule aime tromper et être trompée.
Elle est l’ennemie de ceux qui l’aiment, et l’amie de ses ennemis. Elle sollicite si elle n’est pas sollicitée, et récolte le gain par l’iniquité.
Ses joies, ce qui lui est propre, sa lumière sont la nuit. Elle n’excepte rien, conçoit de son père et de son petit-fils. Fosse de désir, arme de l’abîme, orifice des vices, elle l’a été, elle l’est, elle le sera, et par elle périt la classe des gens de bien. Tant qu’il y aura des semailles données aux paysans et confiées aux champs, cette lionne rugira, cette bête sévira, en s’opposant au droit. Elle est la folie ultime, l’ennemi intime, le fléau intime. En refusant elle attire, et inspire le crime même aux gens honnêtes.
Source : Bernard de Morlaix dit de Cluny - Du mépris du monde, livre II