La Bataille de Maldon – La dernière résistance des thanes

La dernière partie de La Bataille de Maldon, un poème héroïque en vieil anglais composé à la fin du Xe siècle, raconte l’ultime résistance des guerriers anglais après la mort de leur seigneur, Byrhtnoth, au combat contre les envahisseurs vikings en 991. Les thanes, liés par la loyauté et l’honneur, refusent de fuir et choisissent de combattre jusqu’à la mort pour venger leur chef. Des figures comme Aeturic, Offa et Godric incarnent l’idéal du guerrier anglo-saxon, tandis que le célèbre discours de Brythwold renforce le thème du courage inébranlable : « La pensée doit être plus résolue, le cœur plus vaillant, l’esprit plus fort, à mesure que nos forces déclinent. » Bien que ce poème soit incomplet avec seulement 325 vers retrouvés, il inspira Tolkien pour l’écriture dans les années 1930 d’une suite sous forme de pièce de théâtre : Le Retour de Beorhtnoth, fils de Beorhthelm.

Et alors ils s’avancèrent – sans souci de leur vie.
Alors les hommes de la maisnie se mirent durement à combattre
Les porteurs de lances féroces – et ils prièrent Dieu
De pouvoir venger leur seigneur bien-aimé
Et d’apporter la mort à leurs ennemis.

Alors l’otage se mit avec ardeur à aider,
Il était de Northumbrie, d’une lignée vaillante,
Fils d’Eclaf, et Aesferth était son nom.
Il ne faiblit pas le moins du monde dans le combat,
Mais il lança souvent un trait,
Souvent il frappa un bouclier, souvent un homme toucha,
Encore et encore il infligea des blessures
Tant qu’il put manier ses armes.

Alors dans les rangs se tenait Eadward le grand,
Prêt et ardent – il prononça des paroles pleines de fierté,
Qu’il ne fuirait pas d’un seul pas de terre,
Ni ne reculerait, maintenant que son noble chef était tombé.
Il brisa la muraille de boucliers et combattit les soldats
Jusqu’à ce qu’il eût dignement vengé
Son seigneur et bienfaiteur sur les marins ennemis – avant qu’il ne gise parmi les morts.

Ainsi fit Aeturic – un noble compagnon,
Fougueux et impétueux – il combattit avec ardeur
Le frère de Sibright – et bien d’autres encore – ,
Fendit les boucliers creux, para habilement.
Le bord des boucliers vola en éclats, la cotte de mailles
Chanta un chant sinistre. Alors dans la mêlée,
Offa frappa un marin, qui s’effondra sur la terre,
Et alors le parent de Gadda trouva le sol.

Bientôt dans la bataille, Offa tomba à son tour,
Mais il avait fait ce qu’il avait promis à son ami,
Comme il s’en vantait auparavant auprès de son noble seigneur:
Qu’ils iraient tous deux à la forteresse,
Sains et saufs jusque chez eux, ou tomberaient dans la bataille,
Mourraient de leurs blessures sur le champ de guerre.
Il tomba comme un vrai thane, aux côtés de son chef.

Alors les boucliers se brisèrent, les marins s’élancèrent,
Féroces dans le combat ; la lance souvent transperça
Le corps d’un guerrier condamné. Puis Wistan avança,
Fils de Thurstan, et combattit l’ennemi,
Il était dans la mêlée – il fut le fléau de trois hommes
Avant que le fils de Wigelin ne l’abatte sur le champ de bataille.

Alors l’affrontement fut rude, ils tinrent bon,
Guerriers plongés dans la guerre, puis les hommes s’effondrèrent,
Épuisés par leurs blessures – le carnage joncha la terre.
Oswald et Ealdwald, tout du long,
Tous deux frères, encourageaient les hommes,
Leurs chers parents, les incitant par leurs paroles
À tenir bon en cette heure critique,
À manier bravement leurs armes.

Brythwold parla, saisit son bouclier –
Ancien compagnon qui exhorte les hommes,
Et encourage ses soldats avec une bravoure sans faille :
« La pensée doit être plus résolue, le cœur plus vaillant,
L’esprit plus fort – à mesure que nos forces déclinent.
Là gît notre chef, taillé en pièces,
Un homme de valeur sur le sol ; à jamais pourra regretter
Celui qui maintenant songe à fuir ce combat.
Je suis vieux en années – mais je ne partirai pas,
Mais aux côtés de mon propre seigneur,
Près de mon chef tant aimé, je pense m’allonger. »

Ainsi le fils d’Aethelgar les exhorta tous,
Même Godric, à la bataille – souvent il envoya une lance,
Une lance meurtrière contre les Vikings,
Alors qu’il s’avançait le premier dans les rangs,
Frappa et abattit des ennemis, jusqu’à ce qu’il tombe au combat.
Il n’était pas ce Godric qui avait fui la bataille.