Le caractère unitaire de la connaissance et de la pratique

Sâṃkhya et Yoga : सांख्य et योग

Ce n’est pas en s’abstenant d’agir que l’homme atteint la non-action. Ce n’est pas non plus en renonçant au désir qu’il atteint pleinement son but.

Nul, en effet, même un instant, ne peut demeurer sans agir. Car tout être est poussé, sans pouvoir s’y soustraire, à accomplir l’action.

Qui maîtrise ses actes, tout en gardant présent à la pensée les objets sensoriels, évolue dans l’erreur et dans la confusion.

Mais qui maîtrise, par la pensée, ses sens et se met tout entier dans l’action, c’est lui le seul à ne pas être attaché.

Accomplis inlassablement l’action, l’action est supérieure à la non-action. Les simples besoins physiques, la non-action ne saurait les résoudre.

Hormis l’action qui a pour but le sacrifice, toute action en ce monde a une contingence.


Seuls les esprits bornés opposent la connaissance basée sur la réflexion philosophique (sâṃkhya) et sa mise en pratique (yoga), mais non les sages. Qui est vraiment maître de l’un est assuré du fruit des deux.

Ce que la connaissance obtient, l’action permet aussi d’y accéder. Connaissance et action ne sont qu’un ; qui reconnaît cela, voit juste.


Connaissance et action ne font qu’un : 知行合一

Le Maître dit : Mais ainsi vous avez perdu la signification des anciens. J’ai dit que la connaissance est le but de l’action, et que la pratique implique la mise en oeuvre de la connaissance. La connaissance est le début de la pratique ; l’action est l’achèvement de la connaissance. Si, quand quelqu’un sait comment atteindre la fin désirée, l’on parle seulement de connaissance, l’action est déjà naturellement sous-entendue ; ou s’il parle d’agir, la connaissance est déjà implicite. Que les anciens, après avoir parlé de connaissance parlent aussi de faire, n’est nécessaire que parce qu’il existe une catégories de personnes sur terre faisant bêtement comme elles l’entendent et échouent à comprendre comment bien réfléchir et étudier. Elles agissent de manière ignorante et imprudente. Il est nécessaire de discuter de la connaissance pour qu’elles puissent agir correctement. Il existe également une autre catégorie de gens qui philosophent vaguement et en vain sans vouloir passer à la pratique.

Ceci est aussi un simple exemple de vaine poursuite d’ombres et d’échos. Les anciens parlaient nécessairement de l’action, car ce n’est qu’alors que de telles personnes pouvaient vraiment comprendre. Le langage des anciens, par nécessité, est orienté vers la rectification des préjugés et la réforme des abus. Quand on comprend cette idée, un seul mot suffit. Mais les hommes d’aujourd’hui font de la connaissance et de l’action deux choses différentes et se mettent à la pratique, parce qu’ils estiment qu’il faut d’abord avoir la connaissance avant de pouvoir pratiquer.

Chacun dit : « Je commence par étudier et discuter de la connaissance ; j’attends jusqu’à atteindre la connaissance parfaite, puis je la mets en pratique. » Ceux qui jusqu’à leur dernier jour échouent à pratiquer ne parviennent pas non plus à comprendre. Ce n’est pas une petite erreur, ni une erreur survenue en un jour. En disant que la connaissance et la pratique forment une unité, j’offre ici un remède à la maladie. Je ne traite pas d’abstractions, ni n’impose mes propres idées, car la nature de la connaissance et de la pratique est à l’origine telle que je la décris. Si vous comprenez le sens, il n’y a aucun mal à dire qu’ils sont deux, car ils forment en réalité une unité. Si vous n’en comprenez pas le sens et dites qu’ils ne font qu’un, à quoi est-ce que cela sert ? Ce ne sont que des paroles vaines.