A besoin de sagacité
Celui qui voyage au loin ;
Chez soi, tout est facile.
Il sera tourné en dérision
Le bon à rien
Qui parmi les sages s’assoit.
De sa sagesse
On ne devrait pas se vanter,
Mais être sur ses gardes :
Quand on est sage et taciturne,
On revient chez soi,
Rarement malheur advient au sage
Car on ne trouve jamais
Ami plus constant
Qu’une grande intelligence.
L’inavisé
Croit qu’il vivra toujours
S’il se garde de combattre,
Mais vieillesse ne lui
Laisse aucun répit,
Les lances lui en eussent-elles donné.
Le sot
Veille toutes les nuits,
Réfléchissant à tout à rien ;
Aussi est-il épuisé
Quand vient le matin :
Toute peine est restée ce qu’elle était.
L’inavisé
Pense que tout ceux
Qui rient avec lui sont ses amis ;
Mais ce qu’il ne découvre pas
C’est qu’on parle guère en sa faveur,
S’il est assis parmi les sages.
Un chez-soi est meilleur
Même s’il est petit :
Chez soi chacun est maître
Quand bien même on aurait deux chèvres
Et une hutte au toit de chaume
C’est toujours mieux que la mendicité.
Jeune, je fus jadis.
Je cheminai solitaire ;
Alors, je perdis ma route ;
Riche je me sentis
Quand je rencontrai autrui :
L’homme est la joie de l’homme.
Grands cadeaux uniquement
Ne faut pas faire aux gens
Souvent petits présents attirent louange ;
Avec un demi-pain
Et une coupe presque vide
Je me suis fait un camarade.
Modérément sage
Devrait être chacun,
Jamais trop sage ;
Car l’esprit du sage
Rarement est joyeux
Si la sagesse est suprême.
Doit se lever le matin
Celui qui a peu de main-d’oeuvre
Et veut vaquer à ses affaires ;
Sur bien des choses retarde
Celui qui dort le matin.
Résolution est route vers richesse.
Meurent les biens,
Meurent les parents
Et toi, tu mourras de même ;
Mais je sais une chose
Qui jamais ne meurt :
Le jugement porté sur chaque mort.
Parole de fille
Nul ne devrait croire
Ni ce que dit femme mariée
Car sur une roue tourbillonnante
Le cœur a été façonné,
Inconstance a été placée dans leur sein.
Source : Edda poétique - Le Hávamál